Va
Va là où le destin d'appelle
Va au pays à travers fleuve
Va au pays à travers monts et forêts
Va à la terre notre lieu de naissance
Comme un flocon de feuilles tristes
Qui flottent à la surface des eaux
Comme un songe éclair
Qui effeuille le temps.
Ô quelle amertume ! Quelle mélancolie ! Quelle douleur ! Les mots se bousculent dans la tête, se dessinent comme sur un miroir et traversent les dédalles du rêve sous " un mélange de solennité, de chaleur et d'amertume, d'éternité et d'intimité " (1), et deviennent de simples paroles évasives.
Paroles du silence est un recueil de poèmes où le poète fait appel à l'impuissance de l'imagination, de l'incertitude et de l'absolu. Il vogue ainsi dans l'espace et le temps comme un vulgaire personnage qui s'interroge sur son existence et rumine une fougue verbale pour apaiser son émotion tellurique. C'est vraiment un long trajet plein d'émotions et de doutes sous un fond d'amours insensées où il déambule vers des horizons inconnus tout en faisant des ronds sur une feuille vierge et corrompue pleine d'éloquence et de dérision comme cela arrive souvent aux poètes.
*Paroles du silence a reçu le grand prix littéraire Tchicaya Utam'si, en 1992 lors du concours organisé par le département des Littératures et Civilisations Africaines (LCA) en collaboration avec l'Association des Ecrivains du Congo (ANEC) à Brazzaville. Ce recueil a été revu et corrigé.
(1) Paul Véléry, situation de Baudelaire (Variétés, II, 1930) in les Fleurs du Mal, Paris, Larousse, Janvier 1959).