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"Dès ses débuts, le cinéma du continent noir est en phase avec la vie quotidienne dont il véhicule les valeurs spirituelles et ses formes. L'expression des premiers cinéastes africains est ouverte aux luttes sociales, aux esprits, au désir de développer une écriture personnelle. Il s'agit de questionner son identité en militant pour une recherche formelle, trempée dans les cultures africaines. La production de l'Afrique Noire emploie volontiers le ton de la fable dès Borom Sarret de Ousmane Sembène (1963), premier film créé de l'intérieur du continent. Les techniques de l'animation servent un regard critique sur l'exercice du pouvoir dans Bon voyage, Sim de Mustapha Alassane (1966), pionnier du genre en Afrique. La fable est revisitée dans Le chameau et les bâtons flottants de Abderrahmane Sissako (1996). L'essor de la vidéo permet à des cinéastes d'alléger les standards de production pour développer des regards singuliers. Les états d'âme de la nouvelle génération, en prise à la violence, sont travaillés par une recherche d'effets plastiques pour Portrait d'un jeune homme qui se noie de Teboho Mahlatsi (1999). Tandis que le langage s'émancipe dans le sud de l'Afrique, des cinéastes se retournent vers le coeur de leur culture pour en revivifier les racines. Hun de Arnaud Zohou (2004), entremêle les signes pour expérimenter d'autres voies. Les images résonnent des libertés revendiquées par les cinéastes africains." Michel Amarger
Réalisateur de films documentaires et de recherche, Michel Amarger est journaliste spécialisé cinéma-audiovisuel, responsable de magazines cultures, il participe à l'agence de presse écrite Médias France Intercontinents. Il est notamment correspondant de la revue Écrans d'Afrique, rédacteur du Bulletin Écrans Nord-Sud, de la Lettre d'information Africa Cinémas. Il a publié un ouvrage sur Djibril Diop Mambety, un autre sur Cilia Sawadogo et participe à la gestion de Racines Noires, Écrans Nord-Sud. Il crée Afrimages en 2004 et est un des initiateurs du réseau de critiques Africiné.
Dans le cadre de cette séance, il nous présente les évolutions historiques et contemporaines des cinémas d'Afrique, et commente les singularités d'auteurs engagés dans une recherche expérimentale pour exprimer à leur manière les facettes identitaires du continent.
Films et vidéos présentés :
Mustapha Alassane, Bon voyage, Sim, 1966, Niger, 5', film 16 mm
Teboho Mahlatsi, Portrait d'un jeune homme qui se noie, 1999, Afrique du Sud, 11', vidéo
Ousmane Sembène, Borom Sarret, 1963, Sénégal, 19', film 16 mm
Abderrahmane Sissako, Le chameau et les bâtons flottants, 1996, Mauritanie, 6', vidéo
Arnaud Zohou, Hun, 2004, Bénin, 17', vidéo
Parallèlement à sa programmation d'expositions d'art contemporain, le centre d'art Mira Phalaina de la Maison populaire met en place des rendez-vous mensuels liés à la vidéo et au film d'artiste. Chaque séance, définie à partir d'une thématique spécifique, propose une sélection de films et vidéos d'enjeux historiques et esthétiques multiples, et un temps de rencontre avec un invité - artiste, cinéaste, théoricien, philosophe.
La programmation d'avril à juin 2006 s'attache aux identités culturelles.