Masculines, nouvelle pièce pour sept danseuses chorégraphiée par Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, fonce dans le tas. Féminiser le masculin et le mettre au pluriel soulève déjà une série de questions passionnantes. Que signifie d'abord être masculine ? Quel est le rôle des hommes et la part des femmes dans l'élaboration des images féminines ? Quelles représentations de la femme sont valorisées dans la société et par qui ? Après avoir évoqué le port du niqab (voile intégral) dans Manta (2009), puis dans Lost in burqa (2011), le couple de chorégraphes persiste et signe en retournant les couches et sous-couches de la féminité et de ses clichés. Inspirés par des peintures comme celles de "La Grande Odalisque" et du "Bain turc" d'Ingres, ils remettent en question la sensualité orientale pour enfoncer la pédale de la violence intime des femmes sous le voile. De l'horizontalité lascive de l'esclave sexuelle jusqu'à la verticalité de la guerrière libérée, la route est longue, violente aussi pour les femmes. Un combat auquel les directeurs du Centre chorégraphique national de Caen donnent un ton très personnel.