Nous venons de terminer à Bamako les répétitions de notre nouveau spectacle : Vérité de soldat. Ce docufiction théâtral est inspiré de l'étonnant récit du capitaine Soungalo Samaké, un des piliers du système répressif mis en place par le régime militaire de Moussa Traoré. Ce texte a été édité par Amadou Traoré, qui fut lui-même torturé par le "soldat" et entretient avec lui une troublante connivence. La pièce explore, à partir d'une situation de fiction, les raisons pour lesquelles l'un et l'autre ont choisi de mettre au jour ces vérités souvent gênantes. Elle aide à comprendre le surgissement récurrent de régimes militaires parfois délirants dans l'Afrique indépendante.
La répétition générale publique que nous avons donnée à Bamako vendredi dernier a fortement impressionné les spectateurs maliens et les deux heures du spectacle ont été soutenues par une attention palpable. Certes, environ la moitié du texte est en langue bamanan (bambara) surtitrée et la pièce remémore des événements qui interrogent directement la société malienne, mais nous croyons néanmoins que quelque chose de cet intérêt traversera les frontières maliennes.
Le spectacle est déjà programmé dans cinq capitales francophones (Bamako, Bruxelles, Luxembourg, Paris, Ottawa) et sera créé ce week end au Festival international des francophonies en Limousin (Limoges, salle Jean-Gagnant).
Il vient après la création, en juin, d'un "kotèrap" intitulé Bama saba (les trois caïmans) et qui fait la jonction entre la tradition théâtrale des farces de kotèba et l'énergie critique du hip hop bamakois. Servi par trois pionnier du rap malien - Ramsès (du groupe Tata Pound), Amkoullel et Lassy King -, ce spectacle à la fois drôle et critique a enchanté le public et les professionnels venus le voir dans le cadre du festival off d'Avignon.