Dans l'effervescence sociale et politique des Indépendances, les premiers films réalisés par les Africains ont apporté de nouvelles visions de leur continent.
Aujourd'hui, d'autres écritures apparaissent et la subjectivité, l'intime, ou des voix de femmes s'imposent. La révolution numérique a vu naître d'autres modèles de production locaux, notamment la vidéo industrie nigériane – « Nollywood » –, désormais le 2e producteur de films au monde.
Si les cinémas d'Afrique ont longtemps été étudiés pour leur apport politique et social, aujourd'hui un changement de paradigme analytique s'impose. Toutefois une question persiste : celle de la frontière. Dans un monde global, postcoloniale marqué par l'inégalité de la mobilité et des circulations, cette question revient en force dans les films, à la fois comme lignes que l'on franchit ou qui séparent. La frontière, la traversée, s'imposent ainsi comme un prisme par excellence pour aborder les cinématographies contemporaines.
En effet, les cinéastes d'Afrique se sont souvent déplacés, en traversant divers univers culturels, lesquels nourrissent leurs créations. L'universitaire Teshome Gabriel qualifia même les cinémas d'Afrique subsaharienne de « cinémas nomades ». Films en mouvement, films des grandes espaces, films des interstices, ils bouleversent les codes et les genres cinématographiques, dépassant les frontières entre cinémas documentaire, ethnographique, expérimental et de fiction.
« Ce bouleversement caractérise et incarne la vertu même de ce cinéma nomade ». Affirmer cette liberté de circulation réelle et créative est en soi une geste politique dans un monde tenté par le repli.
Sous le thème de la traversée – esthétique, thématique, théorique – cette journée invitera donc des chercheurs, des critiques et des cinéastes à échanger et à dialoguer ensemble.
PROGRAMME
9h30 Introduction : Anne Crémieux
9h45 – 10h30 Conférence inaugurale : Jean-Marie Teno, cinéaste
"Trajectoires et subjectivation : du personnel au politique"
Panel 1 : 10h45 – 12h15
Itinérances : traversées et cinémas transnationaux
Modératrice : Daniela Ricci, enseignante chercheuse et cinéaste, Université Paris Nanterre, membre du laboratoire HAR
Intervenantes :
- Claire Diao, journaliste, critique de cinéma
"Double Vague : interroger la double culture à l'écran"
- Melissa Thackway, enseignante chercheuse et cinéaste, INALCO/Sciences Po
"Crossing Lines : frontières et circulations dans les cinémas d'Afrique et de la diaspora"
- Raquel Schefer, enseignante chercheuse et cinéaste, Université Grenoble Alpes
"Le Nouveau cinéma latino-américain et le cinéma révolutionnaire mozambicain : une cartographie historique et esthétique"
Panel 2 : 14h00 – 15h30 Genres, réappropriations, recyclages
Modératrice : Melissa Thackway, enseignante chercheuse et cinéaste
Intervenants :
- Thierno Ibrahima Dia, enseignant chercheur, Université de Bordeaux Montaigne, critique de cinéma
"Friedrich Dürrenmatt et Prosper Mérimée, en version wolove"
- Isabelle Boni Claverie, écrivaine et cinéaste
"Identités et hybridation : autour du film « Trop noire pour être française ? »"
- Anouk Batard, doctorante, Université de Toulouse (LaSSP), documentariste sonore.
"Conditions de possibilité de l'ascension d'Abba Makama, réalisateur-producteur nigérian de Direc-toh (2011) et Green White Green (2016)"
15h45-16h45 Projection-Débat, en présence de la réalisatrice
- Imaginaires en exil. Cinq cinéastes d'Afrique se racontent (Daniela Ricci, 2013, 52 min.), avec Newton I. Aduaka, John Akomfrah, Haile Gerima, Dani Kouyaté, Jean Odoutan.
18h30 Projection / débat au cinéma Les Lumières de Nanterre, en présence des réalisateurs
- Hommage, de Jean-Marie Teno, 13 min, 1985.
- Trop Noire pour être Française ? de Isabelle Boni-Claverie, 52 min, 2015.
Université Paris Nanterre - Amphithéâtre Max Weber 9h30 -17h
Cinéma Le Lumière Nanterre 18h30 – 20h