En 1845, sir William Walker, un dandy aventurier, débarque sur l'île de Queimada, dans les Caraïbes, colonisée par Lisbonne. Le gouvernement anglais lui a donné mission de susciter une révolte contre l'Empire portugais faiblissant, afin de permettre aux compagnies britanniques de s'emparer des plantations de canne à sucre. Walker s'assure les services d'un bourgeois ambitieux, Teddy Sanchez, et fixe son choix sur un docker noir, Jose Dolores, pour fomenter la rébellion. Dolores attaque la banque centrale de l'île sur les conseils de Walker, qui le dénonce aussitôt aux autorités. Le jeune homme prend le maquis avec une poignée de compagnons. En sous-main, Walker leur fournit armes et conseils. Le soulèvement est fixé au jour du carnaval…
Arte magazine n° 29 du 16|07|05 au 22|07|05
Le souffle de l'histoire
Tourné par Gillo Pontecorvo alors que la guerre du Vietnam fait rage, Queimada est une flamboyante charge contre le colonialisme, embrasée deux fois en deux heures par la guerre et la révolution. Car le régime aux ordres des Anglais mis sur pied par William Walker, allusion transparente aux gouvernements fantoches qui se succèdent à Saïgon, est renversé à son tour. Et Walker, qui fut l'allié des révolutionnaires, revient sur l'île pour mater cette nouvelle rébellion. "Queimada" signifie d'ailleurs "brûlé !" en portugais. Anticolonialiste ardent, le réalisateur de La bataille d'Alger (1965) insuffle le sens de l'histoire à ses fresques cinématographiques, et il sait éviter le manichéisme: "Loin de faire de sir William un mauvais clown, il campe brillamment un personnage envoûtant (…) Et son regard sait merveilleusement restituer toute la laideur de la violence. Ses batailles, assassinats, coups d'État et incendies successifs ne sont jamais empreints de gloriole, mais (…) tragiques et écoeurants", écrivait le Washington Post l'an dernier, à l'occasion de la sortie d'une version restaurée du film aux États-Unis. La subtile composition de Marlon Brando est quelque peu altérée par le doublage italien d'époque. Mais le comédien amateur Evaristo Marquez, recruté au pied levé, tient honorablement tête à la star dans son rôle d'adversaire indomptable de l'impérialisme.
Film de Gillo Pontecorvo (France/Italie, 1969, 1h23 mn, VOSTF)
Scénario : Gillo Pontecorvo, Franco Solinas et Giorgio Arlorio
Avec : Marlon Brando (sir William Walker), Evaristo Márquez (Jose Dolores), Norman Hill (Shelton), Renato Salvatori (Teddy Sanchez), Dana (Ghia Francesca), Valeria Ferran Wanani (Guarina), Giampiero Albertini (Henry), Carlo Palmucci (Jack), Thomas Lyons (le général Prada)
Image : Marcello Gatti, Giuseppe Ruzzolini et Ennio Morricone
Montage : Mario Morra
Musique : Ennio Morricone
Production : Europe Associate SAS
ARD
MEILLEUR RÉALISATEUR,
PRIX DAVID-DI-DONATELLO 1970
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